Par une belle journée ensoleillée d’avril, nous flânons dans Saint Germain en Laye à la découverte de ses nombreux hôtels particuliers qui évoquent des personnages célèbres de l’époque de Louis XIV.
Impossible de manquer le château qui dresse son imposante silhouette Renaissance devant nous. Cet édifice est en réalité le troisième bâtiment construit à cet emplacement. Louis VI bâtit le premier au XIIème siècle, la guerre de cent ans n’en laisse que des ruines. Charles V fait ériger un bâtiment de forme pentagonale, enfin, c’est François Ier qui fait construire par Pierre de Chambiges un château Renaissance auquel on incorpore la chapelle édifiée par Saint Louis en 1238. Henri II termine le travail de son père et commence la construction du Château Neuf où naquit Louis XIV le 5 septembre 1638. Des jardins en terrasse qui s’étendent jusqu’à la Seine sont créés par Henri IV, le château Neuf de Saint Germain est alors un des plus beaux d’Europe. Sous le règne de Louis XIV, Saint Germain devient le siège du gouvernement du royaume et le Château Vieux sera la résidence habituelle du Roi de 1666 à 1682, date du départ de la Cour pour Versailles. Vers la fin du XVIIIème siècle, le Château Neuf, déjà fort délabré, est laissé à l’abandon. Seuls quelques vestiges rappellent son existence : la rampe des grottes, le mur des lions et le pavillon Henri IV, devenu un hôtel restaurant quatre étoiles où quelques dames se laissent aller à rêver devant la carte alléchante et la terrasse ensoleillée dominant la Seine. Napoléon III fait restaurer le Château Vieux, il y installe le « musée d’Antiquités celtiques et gallo-romaines » devenu aujourd’hui le Musée d’Archéologie Nationale.
Nous ne quittons pas Napoléon III en passant devant l’Hôtel du mess de la garde impériale, immeuble de belle allure en briques et pierres de taille, dans un style néo-classique.
Rue du vieil Abreuvoir, nous découvrons l’hôtel du Duc de la Feuillade, François III d’Aubusson, personnage vaniteux et fier mais grand admirateur de Louis XIV dont il fait dresser la statue Place des Victoires à Paris.
Un peu plus loin, un immeuble d’allure modeste évoque le souvenir de Madame de Maintenon, elle achète cette maison mais ne l’habite pas. Gouvernante des enfants de Louis XIV et de Madame de Montespan, elle vit au château de Saint Germain. Marie Christine de Noailles, la nièce de Madame de Maintenon hérite de cette maison. Le balcon ouvragé qui court le long de la façade a été ajouté en 1880.
L’Hôtel suivant est dit du « Duc de Montausier » car il est acquis par son héritière, la duchesse d’Uzès. Il a abrité le Maréchal Lyautey de 1887 à 1891, il commande alors, Caserne Gramont, le 1er escadron du 4ème chasseur.
Rue des Coches, l’Hôtel de Guise fut la résidence du Duc Henri II de Lorraine, 5ème Duc de Guise, né en 1614, mort en 1664, petit-fils du « Balafré » (Henri 1er). Cet immeuble ne conserve aucun élément visible du 17ème siècle.
Une étroite ruelle nous amène sur la Cour Larcher où se tenait le premier hôpital de Saint Germain repris par l’Ordre des Récollets, placé sous le vocable de saint Eloi. Une église y est construite mais la révolution détruit tout. Aujourd’hui, il y fait bon prendre un moment de détente, attablé dans un des nombreux restaurants qui y sont installés.
Un bond dans le temps nous conduit devant la maison de Jacques Tati, au numéro 9, rue Voltaire où il s’installa après avoir reçu de nombreux prix en France et à l’étranger pour ses films : « les vacances de Monsieur Hulot » et « mon oncle ».
Retour au XVIIIème siècle avec l’hôtel Gaspard de Fieubet, conseiller ordinaire du roi Louis XIV et chancelier de la Reine. Il transforme la maison en hôtel avec porte cochère et la revend en 1693 à Claude Caron, géographe ordinaire du Roi, c’est Madame Legras qui lui donne son allure actuelle en ajoutant un second étage.
Nous arrivons sur la place du Marché, entourée de maisons datant de 1820, lieu d’échanges commerciaux dès le XVIIIème siècle. Marché, nourriture, pâtisserie, notre guide aborde imprudemment ce sujet en évoquant deux spécialités de saint Germain : le Saint Germain et le pavé d’Or. L’intérêt pour les hôtels particuliers s’estompe et tout le monde s’arrête à la pâtisserie Hardy pour acheter ces alléchants petits gâteaux !
Sérieux oblige, nous ne manquons pas d’admirer, rue des Louviers, l’ensemble imposant de l’ancien hôtel de Soissons devenu l’Institut Saint Thomas de Villeneuve. Son histoire est passionnante, il est fondé sous Louis XIV, à la demande de Jacques II pour instruire les jeunes filles nobles catholiques, irlandaises et écossaises, émigrées. Sous la révolution, l’enseignement est arrêté mais la mère supérieure qui a échappé à l’échafaud redemande la maison qui lui est restituée en 1801. Un décret impérial de 1808 rend définitivement l’institution aux religieuses de Saint Thomas de Villeneuve qui enseignent jusqu’en 1904. La première et le début de la seconde guerre mondiale ne permettent pas de reprendre l’enseignement. Cependant, en 1941, les sœurs ont de nouveau l’autorisation d’enseigner mais ce n’est plus « le pensionnat de la Reine » ou « le grand pensionnat », l’école devient collège d’enseignement général, puis lycée professionnel, lycée technologique, écoles primaire et maternelle.
Rue des Ecuyers, l’ancien hôtel de Maurice de La Tour d’auvergne, Comte de Bouillon, a subi d’importants remaniements dans la seconde moitié du XIXème siècle. Aujourd’hui, une « Crèche Comte d’Auvergne » occupe les locaux, on a conservé le nom des premiers propriétaires.
Nous passons devant l’hôtel des Petites Ecuries du roi Louis XIV remanié lui aussi au XIXème siècle, puis nous arrivons devant l’hôtel de ville, ancien hôtel de La Rochefoucault. Il est reconstruit en 1777 par son propriétaire, Charles Antoine Jombert, libraire, qui l’aménage en deux ensembles, le « grand hôtel » donnant sur la rue et le « petit hôtel ». En 1842, l’édifice est acheté par la ville pour y installer l’hôtel de ville, une bibliothèque et un musée.
Le personnage que le prochain hôtel particulier évoque est décrit ainsi par Saint Simon : « homme du secret domestique qui sait tout du Roi, de ses habitudes, de sa vie privée, et fait rarissime, ne médit ni ne colporte aucun ragot ». C’est Alexandre Bontemps, premier valet de chambre de Louis XIV, intendant des châteaux, parcs et domaines de Versailles et de Marly, secrétaire général des Suisses et Grisons, gouverneur de Rennes.
Un dernier détour par la rue au Pain pour voir la maison de Claude Debussy, mais ….le groupe se dissipe encore une fois et marque un intérêt certain pour la boutique d’un célèbre fromager de la ville.