Conférences 2018-2019 – Thierry Soulard
Après les débuts de l’iconographie chrétienne, l’image revêt progressivement un caractère sacré, donnant naissance à des icônes qui constituent une fenêtre ouverte sur le monde divin. Les crises iconoclastes des VIIIe et IXe siècles entraînent une réflexion théologique sur la signification des images. Le caractère codifié de l’icône en sort renforcé (schémas de composition, systèmes de proportions, perspective inversée, signification des couleurs, rôle de la lumière…).
L’icône n’est cependant pas un art figé, il ne cesse d’évoluer durant les mille ans de l’empire byzantin. Du monde grec, l’icône a gagné à partir du IXe siècle le monde slave, converti à l’orthodoxie. Elle y acquiert de nouveaux caractères, très divers selon les régions : sens de l’expressivité, goût de la narration et du décor, lyrisme, recherche du mouvement… Elle donne naissance à des chefs-d’œuvre comme la Trinité d’Andrei Roublev, l’icône la plus célèbre au monde.
6 décembre 2018 Théologie et règles de composition
Depuis les premières représentations des catacombes la signification de l’image chrétienne ne cesse d’évoluer. Après la crise iconoclaste, à partir du IXe siècle, elle acquiert dans le monde grec un caractère sacré, une valeur sacramentelle fondée sur une construction théologique. Elle renferme une présence divine qui explique le culte qui lui est rendu. Dans le monde russe apparaît au XIVe siècle l’iconostase, une cloison d’icônes organisée par thèmes iconographiques.
Cette image, parfois miraculeuse, obéit à des canons, dans ses choix iconographiques, sa construction, ses proportions, sa perspective inversée et même ses couleurs.
13 décembre 2018 De l’icône byzantine à l’icône russe
Les rares icônes antérieures à la crise iconoclastes des VIIIe-IXe siècles sont encore marquées par l’héritage antique. Le style macédonien, nom dérivé de la dynastie de Constantinople à partir du XIe siècle, est imprégné de monumentalité.
A partir du XIe siècle, le style comnène, au raffinement maniériste, passe dans les nouvelles principautés de la Rus, la future Russie, et acquiert une nouvelle expressivité. Des courants stylistiques originaux s’élaborent à Novgorod, à Pskov, à Iaroslav par exemple.
Au XIVe siècle, le style grec paléologue, antiquisant, renouvelle les icônes russes, engendrant les chefs d’œuvre de Théophane le Grec et d’Andreï Roublev
20 décembre 2018 La floraison de l’icône russe
Dans la seconde moitié du XVe siècle la principauté de Moscou étend considérablement son emprise et recueille l’héritage byzantin après la chute de Constantinople en 1453. Le style des icônes russes tend alors à s’unifier.
Au raffinement de maître Denys à l’aube du XVIe siècle, avec ses formes étirées et en arabesque, succèdent des compositions complexes, renouvelées, fondées sur des concepts théologiques, jusqu’à devenir difficiles à comprendre pour le profane.
L’influence occidentale s’introduit au XVIIe siècle, un maître comme Simon Ouchakov réalise une synthèse originale entre la tradition et le sens plastique de la représentation occidentale.