Nous partons de Bercy pour flâner le long de la Seine enjambée par de nombreux ponts, 120 depuis l’époque gallo-romaine dont 37 sont encore visibles. Après une courte promenade dans les 42 chais classés du passage Saint Emilion, nous longeons les espaces verts du parc de Bercy pour arriver au pont de Tolbiac, miraculeusement préservé de la chute d’un avion des Forces aériennes françaises libres qui faillit s’y écraser en octobre 1943. Le quartier évoque le Paris du travail du début du XXème siècle, une usine d’air comprimé installée dans les environs servait à faire fonctionner toutes les horloges de la capitale.

Une haie de 21 sculptures d’enfants du monde de Rachid Khimouni nous conduit à la passerelle Simone de Beauvoir construite par la société Eiffel en 2006. Elle mène les promeneurs vers le savoir de la B.N.F. ou peut-être vers les nombreuses boîtes de nuit installées dans les bateaux en contrebas.

Le nouveau pont de Bercy qui date de 1991 nous rapproche du ministère des finances, bâtiment de 900 mètres de long où travaillent 6000 fonctionnaires installés dans de luxueux locaux. L’architecture de la Cité de la mode et du design étonne par ses structures métalliques peintes en vert cru et ne tolère pas la présence des bateaux restaurants à moins de 10 mètres d’elle.

Classé " plus beau pont métallique " en 1998, le pont Charles de Gaulle mesure 107 mètres de long, son tablier pèse plus de 3000 tonnes, il repose sur deux piles de béton blanc hérissées de 15 barres d’acier. Il relie la gare de Lyon à la gare d’Austerlitz d’où partait la ligne Paris-Orléans. Devenue gare de banlieue, elle mena ensuite vers le Sud-Ouest en 1939, aujourd’hui, elle accueille des T.G.V. et dessert l’aéroport d’Orly.

Le viaduc d’Austerlitz a reçu le prix du Patrimoine Lumière et Monument en 1904, il est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. Pêcher depuis le pont d’Austerlitz serait bien tentant mais n’espérez pas attraper un esturgeon, le dernier y a été capturé en 1843, peut-être une tanche mordra-t-elle à votre hameçon ?

Près du pont de Sully se trouve la faculté Jussieu, ancienne halle aux vins qui, fidèle à sa vocation passée, reçoit chaque année 50 000 bouteilles de vin de la cuvée " Jussieu " dont quelques-unes pourraient se retrouver au restaurant de la Tour d’Argent tout proche. Auberge créée sous Henri II, cet endroit accueillit Henri IV qui venait s’y régaler de pâté de héron et de canard au sang.

La statue de Sainte Geneviève sculptée par Paul Landowski se dresse sur le pont de la Tournelle, la sainte patronne de Paris protégea la ville de l’invasion des Normands en l’an 700, elle fait toujours l’objet d’une dévotion vivace, notamment dans l’église Saint Etienne du Mont située derrière le Panthéon.

Nous longeons les quais où de nombreux bouquinistes sont installés pour arriver à l’ancien musée de l’assistance publique où vécut Madame de Miramion séduite par le fringant d’Artagnan. Déçue par les frasques de ce dernier, elle transforma son hôtel particulier en couvent et en devint la mère supérieure. Le pont de l’Archevêché, le plus étroit de Paris, nous conduit au pied de Notre-Dame, il conserve les serments d’amour éternel scellés dans un amoncellement de cadenas qui enserrent ses parapets.

En empruntant le pont au Double, nous terminons cette promenade par une dernière bouffée d’air parisien dans les jardins au pied de Notre-Dame, un regard toujours admiratif pour sa magnifique architecture et la perspective de revenir en septembre pour la suite de cette balade.