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Compte rendu de la visite du château de Vincennes
faite le mardi 3 avril 2012

Texte de Colette Van de Valle
 

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Compte rendu   -  Un peu d'histoire
 
 Compte rendu  
La tour du village
 
La tour du village et une partie de l'enceinte du château
 
Madame Bommart et Monsieur Hemmler nous accueillent devant l'entrée principale du château de Vincennes: la tour du Village qui faisait partie d'un ensemble de neuf tours, jalonnant l'enceinte longue de 1 100 mètres, protection fortifiée d'un vaste espace où vivaient des centaines de personnes. Sept de ces tours ont été arasées pour recevoir des canons lorsque Napoléon a transformé Vincennes en place militaire.
 
A l'intérieur de l'enceinte, les différents bâtiments occupent l'espace : sous la pelouse et l'allée centrale, les fouilles archéologiques ont révélé la présence d'un manoir capétien des XIIIème et XIVème siècles aujourd'hui matérialisé par une fontaine, la Sainte-Chapelle s'élance vers le ciel, les pavillons classiques sont des réalisations de Mazarin, de Louis XIV et de Louis XVIII et enfin le donjon dresse sa haute silhouette, magnifiquement restaurée.

   
La Sainte-Chapelle  
La Sainte-Chapelle vue de la cour royale
   
La Sainte-Chapelle, construite sur le modèle de celle du Palais de la Cité à Paris est commencée sous Charles V en 1379, élevée sous Charles VI, embellie par François Ier et terminée par Henri II. Elle ne comporte qu'un seul niveau et des oratoires réservés à la Reine, à droite, et au Roi, à gauche. Dans l'oratoire du Roi, un tombeau de style néo-classique, orné de quatre statues en marbre blanc commémore l'assassinat du Duc d'Enghien. Au nord-est, un bâtiment abrite la sacristie et la salle du Trésor. La voûte de la nef construite par Philibert Delorme, décorée par des artistes français et italiens porte les initiales d'Henri II et de Catherine de Médicis (H et K) ainsi que le croissant de lune, emblème de Diane de Poitiers. Un fragment de pinacle, orné d'une salamandre, présenté devant l'autel, rappelle l'intervention de François Ier. Avec l'ornementation sculptée, les vitraux du choeur constituent le chef d'œuvre de la Sainte-Chapelle. Inspirés de l'Apocalypse de Saint Jean, ils sont exécutés en 1555-1556 par un maître verrier parisien. A l'extérieur, la façade ouest offre un bel exemple de gothique flamboyant avec la superposition de ses trois pignons organisés en retrait l'un par rapport à l'autre, accentuant ainsi l'effet de relief et de profondeur et mettant la Rose davantage en valeur.
   
La nef de la Sainte-Chapelle Vitrail de la Sainte-Chapelle
   
Voûte de la Sainte-Chapelle Monument funéraire du Duc d'Enghien

   
Le donjon  
Le donjon et son enceinte
   
Nous pénétrons dans le donjon par le châtelet, entrée principale, dont la façade était, à l'origine, ornée d'un décor sculpté important. Les statues de Charles V, de son épouse, Jeanne de Bourbon et de saint Christophe accueillaient les visiteurs. Elles étaient surmontées d'une Trinité, symbole de la protection divine du pouvoir.
La construction du donjon est une véritable prouesse architecturale, il mesure cinquante mètres de hauteur et son pourtour, tours d'angle comprises, est d'une centaine de mètres, ce qui donne une surface extérieure totale de cinq mille mètres carrés, avec environ vingt mille blocs de pierres en appareil extérieur. Cette grosse tour carrée, flanquée de quatre tourelles d'angle est divisée en six niveaux de salles dont les voûtes reposent sur une seule et fine colonne centrale. Chaque étage présente le même plan, avec une vaste salle centrale et des pièces dans les tourelles d'angle.
 

La Sainte-Chapelle, le pavillon de la Reine
et la cour royale vus de la terrasse du châtelet
De la terrasse du châtelet, nous avons une vue d'ensemble magnifique sur le domaine, le campanile, au sommet de l'escalier dans la cour abrite une copie de la cloche de l'horloge, installée en 1369 pour la première fois sur un bâtiment civil. En dirigeant notre regard vers le donjon, nous admirons les sculptures des culots encadrant les fenêtres, trois motifs iconographiques sont représentés : quelques figures fantastiques, des prophètes, des anges musiciens chantant les litanies de la Vierge.

   

La salle du Conseil
Le cabinet de travail de Charles V, situé au deuxième étage du châtelet n'est pas ouvert à la visite, le Roi y travaillait et recevait, assisté de deux secrétaires installés dans les tourelles attenantes. Pour atteindre son appartement situé à l'étage d'un bâtiment construit dans la cour mais aujourd'hui disparu, Charles V empruntait le chemin de ronde qui n'était pas couvert à l'époque. Faisant fi du vertige, nous accédons au donjon par la passerelle et pénétrons dans la salle du Conseil, lieu des réceptions officielles et des séances de travail entre le Roi et ses conseillers. Les voûtes portent encore les lambris qui tapissaient aussi les murs au XIVème siècle. Le décor sculpté des consoles qui portent les retombées des voûtes représentent les symboles des évangélistes aux angles et les prophètes au milieu des murs.

 
La chambre du Roi, dans la salle centrale du deuxième étage, est ornée d'une belle cheminée, elle garde d'importants vestiges de son décor. Les nervures des voûtes portent encore des traces de polychromie bleu et or, elles reposent sur des consoles sculptées. Charles V conservait dans sa chambre du donjon quelques-uns des plus beaux manuscrits de sa très riche bibliothèque, constituée de chefs d'œuvre commandés par ses prédécesseurs, comme par exemple, le luxueux psautier de Saint Louis réalisé à Paris vers 1258-1270..
La chambre du Roi
chapiteau de la colonne centrale
La cheminée de la chambre du Roi

   
Les salles attenantes aux pièces principales se composent d'un oratoire prolongé par la chapelle, d'une garde-robe, d'une salle du trésor, de latrines et d'une étude.
Au rez-de-chaussée se trouvent un puits d'origine, une maquette du domaine permettant d'en resituer les différentes parties et une salle consacrée à l'évocation des prisonniers célèbres du donjon de Vincennes. Citons Fouquet, Diderot, Mirabeau, le Marquis de Sade….
Graffiti fait par des prisonniers
dans la chapelle du Roi
 
   
 
 
 Un peu d'histoire
Avant de rejoindre le Donjon, nos conférenciers nous content l'histoire du domaine de Vincennes.
A l'origine, c'était un vaste espace boisé, à l'est de Paris, propice à la chasse. Les rois mérovingiens avaient l'habitude de séjourner dans les environs, du côté de Chelles et de Nogent sur Marne. Les souverains capétiens, en revanche, avaient leurs habitudes plus au sud mais, à partir du XIème siècle, ils agrandissent progressivement leur domaine à l'est de la capitale par une série d'acquisitions.
Louis VII, installé au cœur de la Cité, à Paris, cherche un endroit où chasser le cerf. Vincennes se révèle un lieu idéal et un document signé par lui en 1178, atteste la présence d'une résidence dans les bois. Sous le règne de Philippe Auguste, l'archéologie confirme la construction d'un manoir sur le modèle des maisons fortes des seigneuries rurales. Une grande partie du bois est clôturée par un haut mur de pierre, qui va de pair avec la reprise des droits d'exploitation concédés au fil du temps à diverses abbayes.
Le règne de Saint Louis fait définitivement entrer Vincennes dans la légende royale, avec le célèbre chêne sous lequel le Roi rendait la justice. Le château devient alors la seconde résidence royale après le Palais de la Cité, les successeurs de Saint Louis y font réaliser de nombreux travaux, organisent l'entretien de la zone de chasse et des terres cultivées aux alentours.
Sous Philippe VI, premier monarque de la dynastie des Valois, les troubles qui émaillent la période de la guerre de Cent Ans confèrent à Vincennes un rôle supplémentaire de place forte. Pour protéger le pouvoir royal, Jean Le Bon transfère sa résidence principale à l'hôtel Saint Paul, près de la porte Saint Antoine, sur le chemin de Vincennes dont il renforce le caractère défensif en reprenant la construction du donjon, le deuxième étage est terminé en 1364. Charles V poursuit le chantier, fait terminer le donjon et l'entoure d'une grande enceinte, protégeant tous les édifices voisins.
Au fil des siècles, Vincennes reste un refuge pour d'autres souverains comme Charles IX après la Saint Barthélémy, Louis XIII et Louis XIV enfants.
Dès la révolution, Vincennes devient un grand arsenal, sa vocation militaire est renforcée par Napoléon qui adapte les lieux à l'artillerie moderne.
La Sainte-Chapelle est classée en 1853, Viollet-Le-Duc commence sa restauration, le donjon est déclaré monument historique en 1913. Les services historiques de l'Armée de Terre, de l'Air, de la Marine puis de la Gendarmerie s'y installent en 1948. La présence des archives de la défense dans ce monument ouvert au public fait de Vincennes un grand site de la mémoire nationale.
Les restaurations commencées au lendemain de la seconde guerre mondiale se poursuivent encore aujourd'hui, elles sont nécessaires pour que l'un des plus grands châteaux du Moyen Age, étape importante dans l'histoire de l'art, résiste au temps.
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