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La Haute Normandie

Compte rendu du voyage du 30 mai au 1er juin 2006

 

Le texte est de Colette Van De Valle

Les illustrations sont de Claude Phelippeaux

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30 mai31 mai1er juin
   

 

Mardi 30 Mai

La première étape de notre périple en Normandie est l'abbatiale d'Ecouis de style gothique flamboyant dans laquelle une remarquable statuaire du XIVème siècle, en pierre de Vernon, retient notre attention par sa sobriété conjuguée à une force d'expression exceptionnelle. En particulier, une Sainte Agnès, nommée aussi Marie l'égyptienne, drapée dans ses longs cheveux nous surprend par sa modernité et sa pureté de lignes. La plupart des autres statues présentent des visages sereins, une plénitude de formes sous les vêtements qui ondoient avec élégance.

Abbatiale d'Ecouis
Abbatiale d'Ecouis


Nous reprenons la route pour Rouen, ville d'art à l'histoire mouvementée, que nous apprécierons au fil des clochers, des palais Renaissance et des maisons à colombages.
Première visite pour le Palais de Justice, en cours de restauration, mais dont les échafaudages laissent voir, par intervalles, un enchevêtrement de pinâcles, clochetons, arcs-boutants, gâbles, ornant de monumentales lucarnes. Dans la salle des procureurs où Corneille aurait plaidé, nous admirons la magnifique charpente lambrissée qui recouvre la voûte.
Au hasard des ruelles, nous découvrons le premier hôtel en pierre de la Renaissance: l'hôtel de Bourgtheroulde, véritable livre d'histoire dont les frises racontent l'entrevue de François 1er avec Henri VIII au camp du drap d'or.

Palais de Justice
Hôtel de Bourgtheroulde


En poursuivant notre chemin, nous arrivons sur la place Jeanne d'Arc harmonieusement fleurie d'hortensias bleus et blancs pour entrer dans l'église du même nom, qui recèle une lumineuse verrière de treize vitraux du XVI ème venant de l'ancienne église Saint Vincent détruite en 1944.

Place Jeanne d'Arc
Vitrail de l'église Jeanne d'Arc


Après un déjeuner fort agréable, nous repartons pour la cathédrale Notre-Dame, chef d'oeuvre de l'art gothique, immortalisée par Monet, qui nous charme par la variété de sa composition et la richesse de son décor sculpté. Chef-d'oeuvre que nous pouvons admirer complet grâce à quelques dérogations au régime du carême obtenues par les habitants de l'époque.
En effet, la Tour de Beurre, 15ème et 16ème siècles, a été construite grâce aux "dispenses" perçues sur les fidèles autorisés à consommer du lait et du beurre pendant cette période. A l'intérieur, les différences de style entre la nef et le choeur ne heurtent pas l'oeil et arrivent à créer une sensation de simplicité et d'harmonie. Simplicité que nous retrouvons dans la crypte du 11ème, vestige de la cathédrale romane, située sous le choeur.

La cathedrale Notre-Dame
La cathedrale Notre-Dame


L'église Saint-Maclou, de style gothique flamboyant, nous étonne par sa ravissante façade en éventail, mais nos regards s'accordent quelques libertés devant les meubles anciens exposés dans les vitrines des antiquaires : Directoire ou Louis XVI ? De toutes façons, c'est aussi ravissant! Ce qui l'est moins, ce sont les anciens charniers de l'aître Saint-Maclou, ensemble de bâtiments du XVIème dont les colonnes sculptées aux décors macabres nous donnent envie de retourner vers la chaleur des bois anciens.
Mais, pas de répit, direction l'église Saint-Ouen, admirablement bien proportionnée, à l'extérieur comme à l'intérieur: l'influence du fameux "nombre d'or" y serait-elle pour quelque chose? Avec cette visite, nous quittons Rouen pour Honfleur où un repos bien mérité nous attend.

Mercredi 31 mai

Frais et dispos, nous partons le lendemain matin pour Fécamp, capitale des Ducs de Normandie au XIIème siècle, gardienne du précieux sang du Christ depuis le VIIème siècle, hâvre des Terre-Neuvas, chère au coeur de Guy de Maupassant.
L'Abbatiale de La Trinité domine la ville de sa tour lanterne, haute de 64 m, bel exemple de clocher normand, et qui doit son nom à une merveilleuse légende, celle du "pas de l'ange". En effet, en 943, alors que les évêques délibèrent sur le patronage à donner à l'église, un ange pèlerin apparaît et ordonne de dédier le sanctuaire à la Sainte et Indivisible Trinité. Il laisse alors l'empreinte de son pied sur la pierre conservée sous un reliquaire sculpté du XVème siècle.

Abbatiale de la Trinité
Vitrail du palais Bénédictine


Discrètement, quelques mains caressent la pierre en faisant un voeu mais certainement pas celui de la sobriété car notre visite continue par le Palais Bénédictine, "folie" de styles néo-gothique et néo-renaissance, d'un négociant fécampois, Alexandre Le Grand ! C'est à partir d'un élixir créé par un moine bénédictin, qu'il invente la fameuse liqueur dont la commercialisation fera sa fortune, en partie consacrée à la collection des oeuvres d'art exposées dans le musée du palais.
Après une sympathique dégustation, nous profitons d'une vue magnifique sur la baie de Fécamp en roulant vers le restaurant situé sur la falaise près d'une église dédiée aux marins.La grande aventure de ces hommes qui partaient pour de longs mois pêcher la morue dans les eaux glaciales de Terre-Neuve est évoquée au musée des Terre-Neuvas et de la pêche que nous parcourons en début d'après-midi, admiratifs devant les maquettes de trois-mâts ou la reconstitution du chantier de la Belle Poule construite à Fécamp en 1931.

Le Havre sera notre prochaine étape avec, au programme la visite du musée André Malraux, ouvert exceptionnellement pour Arts et Culture avant la date officielle!
Régal des yeux: les toiles de Boudin, Courbet, Sisley, Monet, Manet nous brossent un splendide panorama de la Normandie dont les couleurs, les ciels, la mer, les paysages les ont tous inspirés.Visite passionnante mais trop brève, beaucoup d'entre nous se promettent de revenir.

Musée André Malraux


Le retour vers Honfleur chasse ce léger regret et la perspective d'un bon repas nous rend notre bonne humeur.
"Au chat qui pêche", drôle de nom pour un restaurant penseront certains mais d'autres trouveront moins drôle, à la fin du dîner, de "pêcher" leur pain perdu dans une assiette rendue glissante par de la glace fondue, activité de fin de journée qui déclenchera de nombreux fous-rires

Jeudi 1er juin

Au petit matin du dernier jour, Honfleur nous offre son visage de carte postale ensoleillée.
Nous passons près de la Lieutenance où une plaque commémore le départ de Champlain pour le Canada en 1608, puis nos pas nous mènent vers l'église Sainte-Catherine, entièrement construite en bois par les "maîtres de hache"de Honfleur, heureux du départ des Anglais.

La rue de la prison
La prison


Retour à la peinture avec le musée Eugène Boudin dans lequel les oeuvres exposées nous emmènent, en compagnie des plus grands peintres du XIX ème mais aussi de certains moins connus, sur les chemins secrets de Normandie, au bord des plages à la mode, à la ferme Saint-Siméon pour boire un verre.
Des instants de "douceur de vivre" que nous aimerions prolonger, mais le musée d'ethnographie et d'art populaire nous attend. Des maisons du XVIème servent de décor à la reconstitution d'intérieurs normands, une grande variété d'objets de la vie courante y sont exposés.

L'heure du déjeuner approchant, des chuchotements laissent entendre que le dernier jour du voyage....?
Un restaurant gastronomique? La tradition sera-t-elle respectée...?
Dubitatifs, nous détaillons la façade du restaurant "Terre et Mer" avant d'entrer prudemment.
La sérénité du décor bleu cérusé et beige sable nous rassure, l'accueil empressé des serveurs nous met définitivement à l'aise. Le repas qui suit flatte les papilles autant que le regard.
Ouf ! La tradition a bien été respectée et c'est de mieux en mieux !

La dernière après-midi se passe, pour la majorité du groupe au Musée des Beaux-Arts de Rouen et pour quelques autres au Musée de la céramique.
Les premiers admirent les magnifiques collections permanentes du musée qui retracent l'évolution de la peinture, de la sculpture, mais aussi celle de l'orfèvrerie, du mobilier et du dessin du XVème siècle à nos jours. Une exposition temporaire sur les chefs d'oeuvre des musées de Florence leur permet de retrouver les peintres illustres du quattrocento.
Les autres parcourent l'histoire de la faïence de Rouen à travers des objets remarquables: vases à pharmacie d'Abaquesne, plats à décor bleu de Poterat, écritoires, pichets et aiguières aux décors plus complexes et plus colorés, extraordinaires globes terrestre et céleste, ce dernier reproduisant la configuration des astres au moment de la naissance de Louis XIV.

Voyage riche de découvertes culturelles, mais aussi de moments de détente chaleureux.

Où ira-t-on l'année prochaine?
Quelques indiscrétions ont circulé.... mais gardons le mystère encore quelque temps.

La Normandie est encore dans nos rêves...