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La 
première étape de notre périple en Normandie est l'abbatiale 
d'Ecouis de style gothique flamboyant dans laquelle une remarquable statuaire 
du XIVème siècle, en pierre de Vernon, retient notre attention par 
sa sobriété conjuguée à une force d'expression exceptionnelle. 
En particulier, une Sainte Agnès, nommée aussi Marie l'égyptienne, 
drapée dans ses longs cheveux nous surprend par sa modernité et 
sa pureté de lignes. La plupart des autres statues présentent des 
visages sereins, une plénitude de formes sous les vêtements qui ondoient 
avec élégance.     |  
  
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 |   Abbatiale d'Ecouis  |   Abbatiale 
d'Ecouis  |      Nous reprenons 
la route pour Rouen, ville d'art à l'histoire mouvementée, que nous 
apprécierons au fil des clochers, des palais Renaissance et des maisons 
à colombages.  Première visite pour le Palais de Justice, en 
cours de restauration, mais dont les échafaudages laissent voir, par intervalles, 
un enchevêtrement de pinâcles, clochetons, arcs-boutants, gâbles, 
ornant de monumentales lucarnes. Dans la salle des procureurs où Corneille 
aurait plaidé, nous admirons la magnifique charpente lambrissée 
qui recouvre la voûte.  Au hasard des ruelles, nous découvrons 
le premier hôtel en pierre de la Renaissance: l'hôtel de Bourgtheroulde, 
véritable livre d'histoire dont les frises racontent l'entrevue de François 
1er avec Henri VIII au camp du drap d'or.  
  
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 |   Palais de Justice  |   Hôtel 
de Bourgtheroulde  |      En 
poursuivant notre chemin, nous arrivons sur la place Jeanne d'Arc harmonieusement 
fleurie d'hortensias bleus et blancs pour entrer dans l'église du même 
nom, qui recèle une lumineuse verrière de treize vitraux du XVI 
ème venant de l'ancienne église Saint Vincent détruite en 
1944.  
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 |   Place Jeanne d'Arc  |   Vitrail 
de l'église Jeanne d'Arc  |      
Après un déjeuner fort agréable, nous repartons pour la cathédrale 
Notre-Dame, chef d'oeuvre de l'art gothique, immortalisée par Monet, qui 
nous charme par la variété de sa composition et la richesse de son 
décor sculpté. Chef-d'oeuvre que nous pouvons admirer complet grâce 
à quelques dérogations au régime du carême obtenues 
par les habitants de l'époque.   En effet, la Tour de Beurre, 15ème 
et 16ème siècles, a été construite grâce aux 
"dispenses" perçues sur les fidèles autorisés à 
consommer du lait et du beurre pendant cette période. A l'intérieur, 
les différences de style entre la nef et le choeur ne heurtent pas l'oeil 
et arrivent à créer une sensation de simplicité et d'harmonie. 
Simplicité que nous retrouvons dans la crypte du 11ème, vestige 
de la cathédrale romane, située sous le choeur.  
  
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 |   La cathedrale Notre-Dame  |  
 La cathedrale Notre-Dame  |      
L'église Saint-Maclou, de style gothique flamboyant, nous étonne 
par sa ravissante façade en éventail, mais nos regards s'accordent 
quelques libertés devant les meubles anciens exposés dans les vitrines 
des antiquaires : Directoire ou Louis XVI ? De toutes façons, c'est aussi 
ravissant! Ce qui l'est moins, ce sont les anciens charniers de l'aître 
Saint-Maclou, ensemble de bâtiments du XVIème dont les colonnes sculptées 
aux décors macabres nous donnent envie de retourner vers la chaleur des 
bois anciens.  Mais, pas de répit, direction l'église Saint-Ouen, 
admirablement bien proportionnée, à l'extérieur comme à 
l'intérieur: l'influence du fameux "nombre d'or" y serait-elle 
pour quelque chose? Avec cette visite, nous quittons Rouen pour Honfleur où 
un repos bien mérité nous attend.
 Frais 
et dispos, nous partons le lendemain matin pour Fécamp, capitale des Ducs 
de Normandie au XIIème siècle, gardienne du précieux sang 
du Christ depuis le VIIème siècle, hâvre des Terre-Neuvas, 
chère au coeur de Guy de Maupassant.   L'Abbatiale de La Trinité 
domine la ville de sa tour lanterne, haute de 64 m, bel exemple de clocher normand, 
et qui doit son nom à une merveilleuse légende, celle du "pas 
de l'ange". En effet, en 943, alors que les évêques délibèrent 
sur le patronage à donner à l'église, un ange pèlerin 
apparaît et ordonne de dédier le sanctuaire à la Sainte et 
Indivisible Trinité. Il laisse alors l'empreinte de son pied sur la pierre 
conservée sous un reliquaire sculpté du XVème siècle. 
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 |   Abbatiale de la Trinité  |  
 Vitrail du palais Bénédictine  |   
   Discrètement, quelques mains 
caressent la pierre en faisant un voeu mais certainement pas celui de la sobriété 
car notre visite continue par le Palais Bénédictine, "folie" 
de styles néo-gothique et néo-renaissance, d'un négociant 
fécampois, Alexandre Le Grand ! C'est à partir d'un élixir 
créé par un moine bénédictin, qu'il invente la fameuse 
liqueur dont la commercialisation fera sa fortune, en partie consacrée 
à la collection des oeuvres d'art exposées dans le musée 
du palais.  Après une sympathique dégustation, nous profitons 
d'une vue magnifique sur la baie de Fécamp en roulant vers le restaurant 
situé sur la falaise près d'une église dédiée 
aux marins.La grande aventure de ces hommes qui partaient pour de longs mois pêcher 
la morue dans les eaux glaciales de Terre-Neuve est évoquée au musée 
des Terre-Neuvas et de la pêche que nous parcourons en début d'après-midi, 
admiratifs devant les maquettes de trois-mâts ou la reconstitution du chantier 
de la Belle Poule construite à Fécamp en 1931.    Le Havre 
sera notre prochaine étape avec, au programme la visite du musée 
André Malraux, ouvert exceptionnellement pour Arts et Culture avant la 
date officielle!   Régal des yeux: les toiles de Boudin, Courbet, Sisley, 
Monet, Manet nous brossent un splendide panorama de la Normandie dont les couleurs, 
les ciels, la mer, les paysages les ont tous inspirés.Visite passionnante 
mais trop brève, beaucoup d'entre nous se promettent de revenir.  
  
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 |   Musée André Malraux  |   
    Le retour vers Honfleur chasse ce 
léger regret et la perspective d'un bon repas nous rend notre bonne humeur.  
"Au chat qui pêche", drôle de nom pour un restaurant penseront 
certains mais d'autres trouveront moins drôle, à la fin du dîner, 
de "pêcher" leur pain perdu dans une assiette rendue glissante 
par de la glace fondue, activité de fin de journée qui déclenchera 
de nombreux fous-rires Au petit matin du dernier jour, Honfleur 
nous offre son visage de carte postale ensoleillée.   Nous passons près 
de la Lieutenance où une plaque commémore le départ de Champlain 
pour le Canada en 1608, puis nos pas nous mènent vers l'église Sainte-Catherine, 
entièrement construite en bois par les "maîtres de hache"de 
Honfleur, heureux du départ des Anglais.    
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 |   La rue de la prison  |   La 
prison  |      Retour à 
la peinture avec le musée Eugène Boudin dans lequel les oeuvres 
exposées nous emmènent, en compagnie des plus grands peintres du 
XIX ème mais aussi de certains moins connus, sur les chemins secrets de 
Normandie, au bord des plages à la mode, à la ferme Saint-Siméon 
pour boire un verre.  Des instants de "douceur de vivre" que nous 
aimerions prolonger, mais le musée d'ethnographie et d'art populaire nous 
attend. Des maisons du XVIème servent de décor à la reconstitution 
d'intérieurs normands, une grande variété d'objets de la 
vie courante y sont exposés.     L'heure du déjeuner approchant, 
des chuchotements laissent entendre que le dernier jour du voyage....?   Un 
restaurant gastronomique? La tradition sera-t-elle respectée...?   Dubitatifs, 
nous détaillons la façade du restaurant "Terre et Mer" 
avant d'entrer prudemment.   La sérénité du décor 
bleu cérusé et beige sable nous rassure, l'accueil empressé 
des serveurs nous met définitivement à l'aise. Le repas qui suit 
flatte les papilles autant que le regard.   Ouf ! La tradition a bien été 
respectée et c'est de mieux en mieux !     La dernière après-midi 
se passe, pour la majorité du groupe au Musée des Beaux-Arts de 
Rouen et pour quelques autres au Musée de la céramique.  Les 
premiers admirent les magnifiques collections permanentes du musée qui 
retracent l'évolution de la peinture, de la sculpture, mais aussi celle 
de l'orfèvrerie, du mobilier et du dessin du XVème siècle 
à nos jours. Une exposition temporaire sur les chefs d'oeuvre des musées 
de Florence leur permet de retrouver les peintres illustres du quattrocento.  
Les autres parcourent l'histoire de la faïence de Rouen à travers 
des objets remarquables: vases à pharmacie d'Abaquesne, plats à 
décor bleu de Poterat, écritoires, pichets et aiguières aux 
décors plus complexes et plus colorés, extraordinaires globes terrestre 
et céleste, ce dernier reproduisant la configuration des astres au moment 
de la naissance de Louis XIV.    Voyage riche de découvertes culturelles, 
mais aussi de moments de détente chaleureux.     Où ira-t-on 
l'année prochaine?   Quelques indiscrétions ont circulé.... 
mais gardons le mystère encore quelque temps.    La Normandie est 
encore dans nos rêves...
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