Nantes, la mémoire de l'eau: historique des sites visités
Fondée en 1229 par la Reine Bérengère,
veuve du roi Richard Cœur de Lion, pour y être ensevelie (son
gisant est visible dans la salle capitulaire), l'abbaye de l'Epau est
située aux portes du Mans en direction de Paris. Havre de paix
et de repos, elle s'insère dans un immense parc de 13 ha délimité
par un mur d'enceinte. Le château médiéval (dont il ne reste
plus rien aujourd'hui) appartenait aux Serrant, jusqu'au mariage de Françoise
de Serrant avec Jean de Brie au 14ème siècle. La nef supporte de belles voûtes en étoile, ornementées de blasons et de clefs pendantes. A droite, un rare banc seigneurial orné de grotesques à l'italienne (16ème siècle) ; au centre, le retable du maître-autel est surmonté d'une remarquable statue de la Vierge, attribuée à Michel Colombe. Le retable de gauche est dû, comme celui du maître-autel, à un artiste italien. Nantes, gauloise, puis romaine, est mêlée aux
luttes sanglantes qui opposent les rois francs aux comtes et ducs bretons.
Mais ce sont les normands qui lui portent les coups les plus terribles.
En 939, le jeune Alain Barbe-Torte, descendant des grands chefs bretons
réfugiés en Angleterre revient au pays et chasse les pirates
de Bretagne. Devenu duc, il choisit Nantes comme capitale et la relève
de ses ruines.
Du 16ème au 18ème siècles, Nantes a deux grandes sources de richesse : le sucre et la traite des noirs, pudiquement dénommée commerce du " bois d'ébène ". La vente aux Antilles des Noirs achetés sur la côte de Guinée permet l'achat du sucre de canne qui sera raffiné à Nantes. Le " bois d'ébène " laisse couramment 200 % de bénéfice. Les philosophes tonnent contre ce commerce inhumain. Mais Voltaire, dont on connaît le sens aigu des affaires, a une part de 5 000 livres dans un négrier nantais…. (17ème siècle) surprend par sa façade classique surmontée du beau beffroi de la ville couronné d'anges sonnant de la trompette. A l'intérieur, choeur à voûte nervurée en palmier contrastant avec la voûte ronde de la nef. Commencée en 1434, achevée en 1893, détruite
par le feu en 1972 et restaurée depuis, cet édifice imposant
surprend par l'austérité de sa façade. Cette ancienne maison (15ème siècle) du chapitre à tourelle polygonale forme un tout avec la sacristie. L'édifice actuel, commencé en 1466 par François II, est continué par sa fille Anne de Bretagne. A partir du 18ème siècle, l'administration militaire en prend possession. La tour des Espagnols, transformée en poudrière, saute en 1800. L'île fut lotie au début du 18ème siècle, selon un cahier des charges très strict qui lui a donné toute sa régularité. Il est amusant de détailler ces immeubles d'opulents négociants - lisez négriers - pour découvrir ici des mascarons, là des balcons galbés élégamment forgés. Certaines demeures penchent diablement, témoignant d'une construction difficile et d'un sol friable. L'île a été rattachée à la ville entre 1926 et 1938 par le comblement des bras de la Loire Est l'œuvre du financier du même nom qui permit la réalisation d'un lotissement au 19ème siècle, qui transforma les lieux. Par la place du Commerce et sa Bourse, et aussi ses cafés on atteint la place Royale, construite par l'architecte Crucy, auteur de la Bourse. Au centre, la fontaine érigée en 1865 symbolise la ville de Nantes. Créé en 1843 et étagé sur plusieurs niveaux. Cette galerie commerciale a beaucoup de charme, par sa perspective, mais aussi par sa décoration (colonnes cannelées, statues d'enfants surmontées de torchères, balustrades ajourées, etc.. La plus belle brasserie de France, son décor de céramiques 1900 lui a valu d'être classée.
Du pont vue charmante sur la rivière et ses lavoirs, le château et son moulin, l'église, sa tour isolée sur la place, les jardins montant vers les toits de Bazouges.
Au bord du Loir, le château de Bazouges et son moulin seigneurial furent édifiés aux 15ème et 16ème siècles par la famille de Champagne. Deux grosses tours ovales, à mâchicoulis et toits en poivrière, encadrent l'entrée.
Une solide tour surmonte la croisée du transept (12ème siècle). La voûte de la nef, en bardeaux de chêne, est peinte de 24 personnages (12 apôtres et 12 anges) que séparent des arbres portant chacun un verset du Credo (début 16ème siècle). Aux confins du Maine et de l'Anjou cette maison construite dans le goût du 18ème siècle angevin, abrite une station des haras nationaux (de mars à juillet) dans ses vastes dépendances entourées d'herbages. Fondé en 1010 par un seigneur de Sablé, le prieuré bénédictin de Solesme, desservi par les moines de St-Pierre-la-Couture, au Mans, pris rapidement de l'extension. Ruiné par la Révolution, il fut réabli en 1833 par un prêtre originaire de Sablé, Dom Guéranger, et élevé en 1837au rang d'abbaye-chef d'ordre de la congrégation de France de Saint-Benoît. Le nom de Solesme est bien sûr lié au mouvement de rénovation du chant grégorien en France. Les offices auxquels le public est admis permettent d'apprécier l'exceptionnelle pureté de la liturgie bénédictine.
Seule l'église abbatiale est accessible au public. Cette église est constituée par une nef et un transept anciens (11ème- 15ème siècles) prolongés en 1865 par un chœur couvert de voûtes bombées.
Ouvrage médiéval, en dos d'âne. Vue
charmante sur la rivière, sur le vieux moulin ombragé, aux
installations encore intactes, et sur un élégant manoir
à lucarnes et tourelle, rive droite.
A l'intérieur, superbe ensemble de peintures murales gothiques, plein de fraîcheur naïve, d'audace et d'invention (du 13ème siècle dans la nef, du 15ème siècle dans le chœur). La plus célèbre se trouve au revers du pignon ouest : elle figure l'enfer. A gauche, le Christ s'apprêtant à délivrer les âmes enfermées dans les limbes attaque à la lance le Cerbère à trois têtes ; au centre, la gueule du Léviathan engloutit des damnés ; enfin un chaudron, où des démons à tête de chien brassent des réprouvés parmi lesquels on reconnaît à son béguin…. la châtelaine et à sa mitre… l'évêque ! Le cycle du Nouveau Testament est évoqué sur les parois de la nef et du chœur. Sur le mur gauche de la nef, trois scènes représentant l'Adoration des Mages, la Présentation au temple et une Fuite en Egypte. Dans le chœur, on reconnaît un Baptême du Christ, une Flagellation, une Crucifixion. |
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