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Résumés des conférences
sur la peinture espagnole

 

Résumés proposés par Mme Sylvia Gagin
(2010)

 

Dates des règnes des rois des Espagnes et d'Espagne
Introduction à l'art espagnol du XVIIème siècle 
Les maîtres de Séville et Tolède: Zurbaran, Murillo, El Greco 
Vélasquez 
Goya
Picasso
Dali

 

Dates des règnes des rois des Espagnes et d'Espagne

Isabelle Ière de Castille 1451 -1504  +  Ferdinand II d’Aragon 1474-1516
Jeanne de Castille 1479-1555 + Philippe de Habsbourg, dit le Beau 1478-1506
Charles V 1500-1558
Charles Ier - Roi des Espagnes 1516 – 1555
Charles V - Empereur du St Empire Romain Germanique 1519-1555
Philippe II 1556-1598
Philippe III 1598-1621
Philippe IV 1621-1665
Charles II 1665-1700
Philippe V 1700-1746
Louis Ier 1724
Ferdinand VI 1746-1759
Charles III 1759-1788
Charles IV 1788-1808
Ferdinand VII 1808 (puis Joseph Ier) 1814-1833
Isabelle II d’Espagne 1833–1868
Alphonse II 1874-1885
Alphonse XIII 1885-1931

Introduction à l'art espagnol du XVIIème siècle

Au Louvre : le musée espagnol de Louis-Philippe : 1838-1848

La peinture romane - Le "camino frances" sculpture et peinture du XIIe. 814 - invention miraculeuse des reliques de St Jacques sous Alphonse 1er des Asturies. Chemin assez sûr pour les pèlerins sous Alphonse IV le moine (règne 924-927 - roi de Léon et des Asturies). Voie privilégiée d'introduction des formules architecturales.
Chantier de la cathédrale de Compostelle 1078 confié à un maître d'oeuvre français.
Développement particulier en Catalogne et dans le royaume de Castille et de Léon :
*   Les Beatus - Beatus de la Seu d'Urgell 975. Nord est Catalogne.
*   Le Christ Pantocrator - 1123 - Sant Climent inTaull Vall de Boi
*   Fresques de la Vierge et des rois Mages - abside Santa Maria de Taull
Nouveau système de construction gothique : place du vitrail qui remplace les peintures murales. Donc mise en place des retables.

Le temps du gothique : LE 1er GOTHIQUE 1275-1390.
Représentations plus réalistes de l'homme et de la nature.
1330 : courant italianisant.
Castille : grands travaux d'archi début 13e Cathédrale Burgos Tolède et Léon. peu de peinture. ateliers d'enluminure d'Alphonse X le Sage 1252-1284 (Le Libro de los juegos)
Catalogne : enluminures 1250-1300 La Bible de la cathédrale de Vich 1263
Barcelone sensible à courant italianisant.
Ferrer Bassa actif entre 1324-1349. peintre attitré du roi Pierre 4 le Cérémonieux. grand chef d'atelier. Livre d'heure de Marie de Navarre. Aurait voyagé en Italie. Fresque 1346 : Monastère de Pedralbes, fondé en 1327, couvent de Clarisses.
1348 : peste noire.
Succède à cet atelier, celui des frères Serra , Francesc, Jaume et Pere. actif 2nde moitié 14e.
Le retable de Sigena - Couronnement de la vierge - Mnac 1 des 1ers polyptyque monumentaux superposition de scènes historiées.
*   Pere Serra - retable de la Pentecôte 1394
*   Maître de Baltimore - Annonciation et Epiphanie, 1347-60.

2e phase du gothique : LE GOTHIQUE INTERNATIONAL 1380-1450. Aragon et Castille.
Multiplication des échanges artistiques entre les différentes cours princières d'Europe. Goût marqué pour formes élégantes, arabesques linéaires, décoratives. Nouvel intérêt pour les détails de la vie quotidienne.
En Catalogne, rapports étroits avec cours du nord. Influence des artistes franco-flamands se lit dans les enluminures puis dans les retables.
Jugement dernier de Rafael Destorrents - style précieux dynamique
Luis Borrassa actif entre 1380 et 1425   Gérone en 1383 à Barcelone. maturité 1410-20. Lamentation sur le Christ mort, cathédrale de Manresa. Talent de narrateur. force expressive. gamme chromatique intense.
Bernard MARTORELL , actif 1427-52 - retable de Saint Vincent 1438-1440. utilisation de la lumière.
*   Martorell Saint Georges ca 1425
Valence - un des plus beaux foyers du gothique international. Cours de Jean 1er.
Jorge Ingles, retable de Saint Jérôme 1455. Un bon exemple du style flamand, déjà répandu en Catalogne et en Aragon, c'est la peinture de Jorge Inglés, premier représentant en Castille du réalisme flamand. Dans ce retable sur le thème de saint Jérôme, les panneaux latéraux contiennent l'histoire du saint et l'espace central nous montre saint Jérôme dans son studio. Modèle de représentation diffusé à partir des ateliers de Van Eyck ou des enlumineurs tel que le Maître de Boucicaut. Il travailla en Castille pour le marquis de Santillana. Formé en Flandres, il eut pour héritier, Fernando Gallego (v1440-1507) à Salamanque.

3e phase : 1450-1500 L'ART HISPANO-FLAMAND.
La révolution picturale menée dans les Pays-Bas méridionaux par Robert Campin, J. Van Eyck et Rogier Van der Weyden offre à partir des années 1440, de nouveaux modèles recherchés par les artistes espagnols et par leurs patrons.
Jean II offrit en 1442 à la chartreuse de Miraflores le triptyque de la Vierge de Van der Weyden (aujourd'hui à Berlin).
Alphonse II posséda 2 oeuvres de Van Eck - disparues.
1428 : au service d'Alphonse V, Luis Dalmau - En Flandres en 1431. citation de l'Autel de l'agneau mystique de Gand. les anges chantants. 1er représentation de l'art hispano-flamand dans le royaume d'Aragon. S'installe en 1442 à Barcelone, après départ d'Alphonse V pour Naples.
Vierge des Conseillers 1443-45, commandées par le conseil municipal de Barcelone pour l'oratoire de l'hôtel de ville. Ste Eulalie : patronne de Barcelone à gauche / St André à droite.
Jaume Huguet (1415-1492) domine la scène artistique après la mort de Martorell : La flagellation vers 1455-60.
Catalogne - Aragon - Castille connurent l'exemple des tapisseries flamandes  densité des groupes de personnages.
Jacomart, actif entre 1410 et 1461 à Valence. En 1442, à Naples puis Tivoli. Peintre préféré d'Alphonse V "Notre fidèle ami Jacomart". .
1469 : mariage Isabelle de Castille + Ferdinand d'Aragon. collection de peinture flamande conservée à Grenade. Tradition reprise par Charles V.
Bartholomé Bermejo (Cordoue v1440-1495) formation napolitaine - peintre itinérant. Triptyque de la Vierge de Montserrat - vers 1465,commande d'un marchand piémontais. Paysage atmosphérique. Volets attribués à un peintre de Valence Rodrigo Asona.
Maître des rois catholiques- actif en Castille de 1485 à 1500 - Les Noces de Cana, 1495. panneau combine des éléments nordiques : trompettistes in galerie/ lit de noce / serviteurs / ville de nord. goût flamand pour documentation de la réalité. Costumes et figures liés à la mode catalane. Boucliers et armoiries suggèrent allégorie du mariage 1497 de Jean de Castille, fils des rois catholiques et Margaret d'Autriche, fille de l'empereur.
Les peintres les plus prisés par les rois catholiques furent flamands. Leur présence en Espagne marque la prépondérance de ce goût autour de 1500. Charles V respectera cette tradition, en constituant le noyau de la collection rassemblée à L'Escurial par son fils. Néanmoins, Philippe II se tournera vers l'Italie pour ce grand projet.
Juan de Flandres (1496-1519) St Michel et St François - La Résurrection de Lazare
Portrait d'une infante, Catherine d'Aragon qui épousera en 1509 Henri VIII d'Angleterre.
Michael Sittow (v1469-1525)  Estonie, formé à Bruges. Au service des rois catholiques entre 1492 et 1501.
Ces deux artistes collaborèrent pour créer les 47 panneaux peints de l'oratoire d'Isabelle de Castille, entre 1496 et 1505. Le couronnement de la Vierge par les anges (Louvre) figurait parmi cet ensemble qui met à l'honneur le goût flamand.

Les maîtres de Séville et Tolède: Zurbaran, Murillo, El Greco

Domenikos Theotokopoulos dit El Greco
Candie 1541 - Tolède 1614

Formé en Crète, à Venise et à Rome dans les années 1570, le peintre tente l'aventure italienne, attiré par les commandes de Philippe II pour le chantier de L'Escurial (à part. de 1560 : architectes Juan Bautista de Toledo - formé en Italie - et Juan de Herrera). Mais, suite au rejet de son Martyre de St Maurice par le roi, il décide de s'établir à Tolède où il travaillera sous la protection des cercles intellectuels de la ville et de ses églises.
Le Greco fut un artiste intellectuel, ce qui était rare dans l' Espagne de la Renaissance. Au courant des polémiques artistiques; en passant à Venise, il découvrit la couleur et rejeta la primauté du dessin prônée à Rome.
Partisan d'une peinture fondée sur la couleur associée à un système de composition maniériste. Thématique religieuse adaptée au monde de la Contre Réforme (Concile de Trente 1518-63).

Francisco de ZURBARAN
Fuente de Cantos 1598 - Madrid 1664

1612-17 : en apprentissage à Séville dans l'atelier de Pedro Diaz de Villanueva. Alonso Cano le rejoint en 1616.
Retour en Extramadure, à Llerena. 1er mariage, premières commandes - connu dès 1622.
1626 : contrat + frères prêcheurs dominicains (couvent San Pablo el Real) de Séville pour cycle de 21 tableaux (dont 14 évoquant St Dominique) en 8 mois.
1630 : une cinquantaine de communautés religieuses à Séville, mécènes exigeants: par contrat, Zurbaran accepte que les toiles lui soient retournées si elles ne correspondent pas aux vœux des commanditaires.. Beauté attendue pour stimuler l'âme, l'élever. Commandes des abbés/abbesses, personnalités cultivées.
A noter : de plus en plus d'espace pour les toiles, au 17e siècle, dans les réfectoires, sacristies, salles du chapitre.
Contrat + ordre de la Merci/Merced. Ordre fondé par Pierre Nolasque en 1218 pour le rachat des prisonniers aux musulmans.
St Serapion (mort en 1240) : habit blanc des mercédaires présente un drapé lumineux, monumental. Mise en scène de l'abandon à la foi, à une autre vie. Empathie attendue. Le peintre nous rappelle à la réalité avec la pièce de papier qui présente sa signature.
1634 : A Madrid chez Philippe IV. Découvre la peinture italienne (Guido Reni). Abandon du ténébrisme pour plus de lumière. Nommé peintre du Roi (grâce à ses relations avec Vélasquez)
Retour à Llerena, travaille pour l'église ND de la Grenade, sans être rémunéré. Grande dévotion personnelle.
Son atelier répond à de nombreuses commandes pour les Amériques (Pérou) dès 1636. Les figures de saints grandeur nature sont particulièrement appréciées.
Activité commerciale + Amériques en baisse au début des années 1640.
Atelier important. Son fils Juan (meurt en 1649 de la peste) se spécialise dans les Bodegones.
1650 : retour à Madrid. Peint en sfumato - Visage de la vierge de l'Annonciation à Grenoble, pour la Chartreuse de Jerez, au sud de Séville.

Bartholomé Esteban Murillo
Séville 1618 - Cadix 1682

12 ans : apprenti chez Juan del Castillo - peintre italianisant 1640 : rencontre Pedro de Moya, élève de Van Dyck
1642 : 1er séjour à Madrid. Difficultés économiques du port de Séville : mendicité/misère.
1645 : La Vierge du Rosaire. Grande dévotion à la Vierge à Séville.
1645 : Commande des franciscains de Séville : 13 œuvres.
1646 : art influencé par Ribera et Zurbaran. La cuisine des Anges. Extase du frère/arrivée des cuisiniers célestes/travail des cuisiniers sous l'œil du frère.
Décore le cloître des franciscains de Séville. 1658 : séjour à Madrid. Découvre, étudie la peinture flamande et la peinture italienne.
1660 : fonde l'académie des Beaux- Arts à Séville.
La naissance de la Vierge 1661 niche dans la chapelle de l'Immaculée Conception, cathédrale de Séville.
1682 : chute d'un échafaudage alors qu'il peignait un retable pour le couvent des capucins à Cadix.
Peintures sur obsidiennes du nouveau monde. Le Christ à la colonne et Le Christ au jardin des oliviers. (Acquises par Louis XVI en 1784).

Vélasquez

DIEGO de SILVA y VELASQUEZ
(Seville 1599- Madrid 1660)

Entre réalisme et baroque.
Période de récession pour l'Espagne : guerres incessantes, baisse des revenus des Amériques, mauvaise infrastructure économique, épisodes de peste dans les années 1640.
Début XVIIème, monarchie et église restent les seuls promoteurs de l’activité artistique.
Philippe III (1598-1521) maintient le cadre défini par son père.
Philippe IV + ministre comte et duc d'Olivares (gouverne de 1621 à 43), sévillan.
Grandes collections de peintures flamandes et italiennes. Les élites commandèrent aux peintres espagnols, des œuvres religieuses ou des portraits.
Gouvernement personnel du roi : 1643-1665 (roi malheureux en politique).
1er naturalisme : chantier de l'Escurial et 1ères influences du Caravage
(Alonso Cano sculpteur/peintre et architecte à Madrid en 1638, caractère ombrageux).

A Séville, autour de 1618

Vélasquez, formé à Séville, prend le nom de sa mère, fille d'un hidalgo. Il était le fils de Juan Rodriguez de Silva, un homme de loi issu de l’aristocratie portugaise, et de Jeronima Vélasquez, qui appartenait à la petite noblesse. La coutume espagnole autorisait en effet un fils aîné à adopter le nom de sa mère si un important héritage maternel était en jeu.
- Autour de 1610 : il passe 1 an dans l'atelier de Herrera l'ancien, peintre au réalisme franc.
Puis, 5 ans dans celui de Francesco Pacheco. Il épouse sa fille, Juana, en 1618. Deux filles naîtront dont une survivra.
- Maître en 1617 - licence de peintre.
Naturalisme : il s'inspire des scènes de marché, demande à ses modèles de varier les expressions.
Toujours influence de la gravure comme pour Le Christ chez Marthe et Marie, 1618. (Pieter Aertsen)
Il imagine de véritables scènes de taverne, de cuisine. Pâte épaisse. Indépendance des formes et des volumes.

1622-30 L'appel de la cour

Le Marchand d'eau ( Wellington museum, Londres): allégorie des 3 âges de la vie.
- 1er séjour à Madrid : avril 1622 - lettres d'introduction. Il en profite pour passer par Tolède.
- 16 août 1623 : le roi pose pour le peintre. Il exprime dans la pose et dans le traitement du visage la dignité royale.
- 6 octobre 1623 : nommé peintre du roi. Revenu à la demande d'Olivares. Bourse allouée pour frais.
Commence une ambitieuse carrière de courtisan, de portier de la chambre du roi au titre de Grand Maréchal du Palais en 1652.
- 1625 : rivalités à la cour. Après la présentation d'un portrait équestre du roi, il lui fut reproché d'avoir mal exécuté le cheval. Contrarié, il l'effaça et nota : Didacus Velasqius pictor regis expinxit.
- 1627 : succès assuré à la cour. Vélasquez remporta le 1er prix d'un concours de peinture lancé par le roi et ouvert à tous les artistes du pays sur le thème de l’expulsion des Maures. (Ce tableau fut détruit par un incendie du palais en 1734). Les descriptions de l’époque indiquent que l’œuvre représentait Philippe III d'Espagne, désignant de son bâton une foule d’hommes et de femmes escortés par des soldats, tandis que l’Espagne, en femme majestueuse, assistait calmement à la scène. Ce triomphe valut à Vélasquez d’être nommé huissier à la cour du roi. On lui octroya également à dater de ce moment une somme quotidienne de douze réaux (le même montant que pour les barbiers de la cour) ainsi que 90 ducats par an pour ses frais d’habillement. Les émoluments du peintre ne cesseront d'augmenter.
Cinq ans plus tard, Vélasquez fut gratifié de 100 ducats supplémentaires pour son Bacchus réalisé en 1629
- Septembre 1628 : il accueille Rubens lors de son séjour à la cour (mission diplomatique) et apprend beaucoup du peintre et de l'homme de cour.
Vélasquez se forme dans une culture picturale qui comportait et récompensait la copie. Il prospéra dans une culture de cour dans laquelle les copies des grand maîtres sont appréciées. Son beau-fils Bautista del Mazo fera de même.
Nouvel apprentissage à partir des collections royales, couronné par un voyage en Italie en 1629-30.

Par la grâce du roi : 1er séjour en Italie
(août 1629 - début 1631)

En Italie, il étudie l'Antique, la statuaire notamment, ainsi que les grandes compositions.
Il peaufine sa maîtrise gestes/profondeur/expression.
La forge de Vulcain, 1630, Prado.
La tunique de Joseph présentée à Jacob, 1630, Prado.

1631-49. Portraits de cour.

La vérité des visages : Antonia de Ipenarrieta y Galdos (1599/1603-1635) portrait d'une dame de la maison du Prince Balthasar Carlos.
Philippe IV en marron et argent 1631-32 Nat Gall Londres / La reine Isabelle 1631-32, coll. privée
Le prince Balthasar Carlos, musée des Beaux Arts, Boston / Le prince Balthasar Carlos chassant 1635-36, Prado.
Le prince Balthasar Carlos (17 octobre 1629-9 mars 1646) est le fils du roi Philippe IV et de sa première femme Elisabeth de France.
Etant donné qu'il était le seul enfant masculin issu du premier mariage de Philippe IV, Balthasar avait vocation à lui succéder au trône et portait le titre de prince des Asturies.
La reine, Elisabeth de France, mourut en 1644.
Le prince des Asturies fut fiancé à sa cousine Marie-Anne d'Autriche, mais il trouva la mort en 1646 à l'âge de seize ans, probablement des suites d'une appendicite. Voulant conserver l'alliance Austro-Espagnole Philippe IV épousa la fiancée de son fils.
Jusqu’en 1567, le nouvel héritier du trône sera alors la sœur de l'infant défunt, l'Infante Marie-Thérèse d'Autriche . A cette date naquit son demi-frère l'infant Philippe-Prosper qui s'éteindra le 1er novembre 1661. Puis, le 6 novembre 1661 naît son autre demi-frère, futur Charles II d'Espagne.
D'un point de vue historique, Balthasar Carlos n'a joué aucun rôle majeur. Il a cependant été peint à de multiples reprises par Velasquez . Les tableaux réalisés, d'une grande sensibilité, comptent parmi les plus beaux portraits d'enfant de l'ère baroque.
- 1632-34 : chantier du Buen Retiro à l'Est de Madrid. Salle des Royaumes. La reddition de Breda / portraits équestres.
La reddition de Breda 34-35, Prado : une manière chrétienne de faire la guerre. Au premier plan, qui occupe en fait plus des deux tiers de la composition, dans un somptueux dégradé de marron, d’ocre et d’or, le drame de l’allégeance des vaincus au vainqueur. En 1625, la ville hollandaise de Breda tombe entre les mains des Espagnols. Justin de Nassau, chef des troupes hollandaises, remet les clés de la ville de Breda à Ambroglio Spinola, commandant de l’armée espagnole. Ce dernier, dans un geste de suprême élégance, empêche le vaincu de s’agenouiller en posant presque amicalement sa main sur l’épaule du Hollandais qu’il ne veut pas humilier. Les deux hommes se penchent l’un vers l’autre avec humanité et respect alors que l’instant précédent les voyait encore guerroyer l’un contre l’autre avec une ardeur farouche. Leurs deux regards se croisent avec intensité ; à l’attitude humble et abandonnée de Justin de Nassau répond l’esquisse de sourire compatissant et l’aménité d’Ambroglio Spinola.
Portraits équestres pour la galerie des portraits du Buen Retiro
La reine Elisabeth de Bourbon 34-35
Le prince Balthasar Carlos 35-36
Le comte d'Olivares 1634 - Prado
Portraits de contemporains et figures de fantaisies dans lesquels se révèle toujours l'acuité exceptionnelle du regard de Velasquez.
Le bouffon Pablo de Valladolid 1636-37 Prado
Le nain Calabacillas 37-39
1639-41 Esope -Ménippe

La tentation de l'Italie suite et fin 1649-51

Autoportrait, Offices 1645
Juan de Pareja : Velasquez fit ce portrait de son assistant pour se préparer à réaliser celui du Pape Innocent X. Ce qui frappa fut la vérité du portrait, exposé au Panthéon et qui valut à Velasquez son admission à l'académie de Rome.
L'utilisation des gris dans le fond crée un espace qui permet à Vélasquez de donner, comme souvent, corps et présence à son modèle. Un subtil jeu des gris et des bruns puis des ombres permet d'étoffer les volumes du corps.
- A noter : repentirs nombreux dans l'œuvre de Velasquez, car, très attentif, il revenait sur son motif pour atteindre plus de vérité.
En Italie, Velasquez retrouve la couleur, la chaleur et l'exprime dans ses portraits avec intensité. 1650 également : La Vénus au Miroir, National Gallery, Londres : un nu à l'italienne, marqué par les couleurs des vénitiens et peint à Rome loin des interdits de l'inquisition.

La dernière décennie d'un homme de cour accompli

- 1643 : Sa carrière de courtisan prend le pas sur celle du peintre : Valet de chambre du roi, Surintendant des travaux privés. La liste des titres et fonctions que le roi lui accorda est longue.
- Derniers portraits d'un roi vieillissant en 1652-53 et 55. Un visage marqué par les deuils et les difficultés liées au règne.
Portrait de l'infante Marie-Thérèse 1651-52, Met
Reine Mariana d'Autriche, 52-53
Les Ménines 1656-57, Marguerite-Thérèse fille aînée du 2nd lit de Philippe IV et ses demoiselles d'honneur.
La scène a lieu dans la "  Pieza principal " de l'ancien appartement de Balthazar Carlos. Une des pièces du musée du palais de l’Alcazar de Madrid.
Les Fileuses ou le mythe d'Arachné 1657 (220 sur 289cm) De Titien à Rubens pour finir avec Velasquez lui-même.
- En avril 1660, Velasquez est chargé par le roi de décorer l’Ile aux Faisans pour le mariage de l’infante Marie-Thérèse avec le roi Louis XIV.
Terrassé par une mauvaise fièvre à son retour, il meurt le 7 août 1660. Il est inhumé à l’église San Juan à Madrid. Elle fut détruite par l’armée napoléonienne en 1811.

Goya

Francisco GOYA Y LUCIENTES
( Fuentodos 1746 - Bordeaux 1828)

Pour mémoire:
Manuel Godoy, prince de la Paix, 1767-1851 Paris. Favori de Charles IV, 2 fois Ier ministre, politique désastreuse d’alliance avec Napoléon. 1792-98 1801-08.
Charles IV 1748-1819, roi de 1788 à 1808, marié à Marie-Louise de Bourbon Parme.
Ferdinand VII roi en 1808 puis 1814-33.

I - Le métier de peintre. Formation et premières commandes 1760-1785

- Né en 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse, Francisco de Goya était le fils de Gracia Lucientes († 1785) et de José de Goya († 1781), maître doreur à Saragosse, où il était employé par les chanoines de la célèbre basilique du Pilar, alors en rénovation et en embellissement.
- Apprentissage dans l'atelier de José Luzan à Saragosse dans les années 1760. Le jeune Francisco a également vécu à Madrid, où il échoua plusieurs fois, entre 1763 et 1766 au concours de l'académie San Fernando, fondée en 1753.
1761 Anton Raphaël Mengs (1728-1779), peintre néo-classique, est appelé de Rome pour devenir Premier peintre de la Chambre du roi Charles III.
1762, le vénitien Giambattista Tiepolo le rejoint pour partager ce poste.
1763 : Mengs fait venir de Saragosse le peintre Francisco Bayeu (1734-95). Goya s'inscrit sans succès au concours de l'Académie royale des Beaux Arts de San Fernando (fondée en 1752). Il échoue de nouveau aux concours de 1764 et 1766.
- Les années 1766-1771 correspondent à une période mal connue de la vie du peintre, où Goya est vraisemblablement resté à Madrid pour parfaire sa formation sous l'égide de Francisco Bayeu (1734-1795), un autre artiste de Saragosse protégé par Raphaël Mengs et devenu "peintre de Chambre" en 1767.
Malgré les péchés de jeunesse évoqués dans sa correspondance ultérieure, Goya a surtout dû mettre à profit sa présence dans la capitale pour s'imprégner des chefs-d'œuvre contenus dans les collections royales, et notamment les fresques vigoureuses et lumineuses de Tiepolo au Palais royal.
- Fin 1769-71 séjour à Rome et à Parme (où il participa en vain au concours de l'académie et où ses "tons heurtés" lui sont reprochés). Il copie les antiques et étudie la peinture classique et moderne. Voisin de Piranèse à Rome.
- Octobre 1771, il revient à Saragosse, où il reçoit ses premières commandes. Entré, à l'instar de son père, au service des chanoines du Pilar, il est choisi pour décorer le plafond d'une chapelle de la Basilique du Pilar. Terminée en juillet 1772, cette fresque ouvrit la voie à d'autres commandes du même genre.
- Il épouse, en juillet 1773, la sœur de Francisco Bayeu : Josefa Bayeu, âgée de 26 ans. Il eut plusieurs enfants avec elle mais tous moururent en bas âge, à part l'un d'entre eux : le second, Francisco Javier de Goya, né le 2 décembre 1784.
-Janvier 1775 : installation à Madrid. Il est chargé de fournir des cartons de tapisserie pour la manufacture de Santa Barbara. Tapisseries destinées aux appartements du prince des Asturies, dans les palais de l'Escurial et du Prado. Il donnera plus de 60 cartons, jusqu'en 1792.
- 1777 : retour de Mengs à Rome. Le Comte de Floridabianca est nommé Ier ministre.
- 1778 : Tableaux de Vélasquez présentés dans les appartements royaux semi privés. Peu visibles. Appel des érudits pour faire connaître les chefs-d'œuvre de l’art national. Pas seulement Vélasquez, mais aussi Zurbaran, Ribera.
Goya répond à cet appel.
Goya a travaillé Vélasquez, la pointe à la main, par le dessin et l’essai gravé. Suite félicitée par l’Académie.
- 1780 : Admission à l'académie de San Fernando.
- 1783 : Floridabianca commande son 1er portrait à Goya. 1er séjour à Arenas, à l'invitation de Louis Antoine d'Espagne ou Don Louis de Bourbon (prince espagnol, né le 25 juillet 1727 à Madrid, mort le 7 août 1785 à Villa de Arenas). Fils de Philippe V d'Espagne et d'Elisabeth Farnèse, il était le plus jeune frère de Charles III d'Espagne.
Destiné à une carrière ecclésiastique, il fut fait cardinal-archevêque de Tolède dès son huitième anniversaire en 1735 (il est le plus jeune cardinal de l'histoire).
En 1741, il devint également archevêque de Séville mais renonça à ses charges ecclésiastiques à la mort de son père. Il se maria tardivement (1775) à Maria Teresa de Vallabriga y Rozcas, sans le consentement de sa famille. Il fut contraint de quitter la cour et son neveu Charles IV le déchut de ses titres et droits (il les rendit en partie à sa famille après le mariage de sa fille avec son favori Godoy en 1797).
- Portrait de la famille de l'infant.
- 1785 : 18 mars : nomination au poste de sous-directeur de la peinture de l'Académie.

II - le peintre du roi - 1786-1808

- 1786 Goya et Ramon Bayeu deviennent peintres du roi Charles III
- Peintre de la chambre du roi Charles IV en avril 1789
Contrecoup de la révolution française : disgrâce progressive des Ilustrados, partisans des lumières, mécènes de Goya (Floridablanca, le poète Jovellanos, Céan Bermudez,...) Censure généralisée.
1792 : Manuel Godoy, favori du Roi et amant de la reine devient 1er ministre.
- Grave maladie du peintre à la fin de l’année. La surdité apparaît début 93.
- 1794 : développe une activité de peintre autonome, moins dépendant des commandes. Commence à penser au thème des Caprices.
- Autoportrait dans l'atelier 1790-95
- Le mariage, 1791-92, Prado
Juillet 95 : fin de la guerre avec la France. Portraits du duc et de la duchesse d'Albe.
- Septembre 95 : Goya est nommé directeur de l'académie. N'occupera ce poste que 2 ans, démissionnera en raison de sa surdité.
Portrait de Jovellanos, devenu ministre.
- Mars 1798 : Godoy écarté du gouvernement. Grâce à Jovellanos, nouveau 1er ministre, Goya est chargé de décorer l'ermitage royal de San Antonio de la Florida, près de Madrid.
La comtesse de Chinchon : fille de Luis d'Espagne, née en 1780 près de Tolède mourra à paris en 1828. Confinée au couvent San Clemente de Tolède après la mort de son père en 1785. Elle sera contrainte d'épouser le favori de la reine, en 1797. Mariage en grande pompe au monastère de l'Escurial. La reine souhaitait éloigner Godoy de sa maîtresse Pepita Tudo qu'il épousera en 1829.
- Ferdinand Guillemardet 1798 (Musée du Louvre).
- Les Caprices : Période difficile pour Goya, problèmes de santé et assailli de commandes car 1er peintre de chambre du roi et directeur de l’académie royale de San Fernando.
Gravure d’oeuvres intimes, pas de commande. Terrain d’expression personnelle.
Dessins pittoresques, croquis, carnets comme point de départ.
La notion de " Caprice " au 18ème : une figure imaginaire de fantaisie, généralement plaisante va être détournée par Goya.
Autoportrait désabusé, de profil /haut de forme. Un artiste élégant. Met en avant son statut.
Les Caprices furent publiés lorsque le régime politique devint de plus en plus oppressif. Ilustrados écartés du pouvoir par peur de la contagion révolutionnaire.
80 planches mises en vente en feuilles ou en album broché, annoncé in Diario de Madrid, 6 fév 1799.
300 albums, 60 vendus à l’époque.
- 31 octobre 1799 : Goya est nommé Premier peintre de la chambre du roi.
- 1800 1801 Charles IV et sa famille. Marie-Louise de Bourbon-Parme, petite fille de LXV épousa le prince des Asturies en septembre 1765, à la Granga de San Ildefonso. Ils auront 15 enfants ensemble (les 2 derniers étant peut-être de Godoy).
- 1799 La Maja Desnuda, 1800-1803 La Maja Vestida
1800: retour de Godoy au pouvoir. Manuel Godoy, Duke of Alcudia, 'Prince of the Peace' 1801 Museo de la Real Academia de San Fernando, Madrid .
Exil de Jovellanos à Majorque.
Juillet 1802 : mort de la duchesse d'Albe.
- Portraits d’aristocrates et de bourgeois.
- Octobre 1803 : les cuivres des Caprices sont donnés à la bibliothèque du roi, en échange d'une pension pour le fils du peintre. Une façon d'empêcher l'inquisition de détruire les plaques.
Godoy poursuit une politique d'alliance avec la France.

III - Le temps des désastres, autour de 1810

Octobre 1807 : entrée des armées françaises en Espagne. Négociations secrètes entre le Prince des Asturies et la France. Il est porté au pouvoir suite aux émeutes d'Aranjuez qui contraignirent Charles IV à abdiquer. Règne de deux mois puis semi-captivité en France jusqu'à la fin de l'année 1813.
22 mars 1808 : entrée des troupes de Murat dans Madrid.
2 et 3 mai 1808 soulèvement du peuple de Madrid.
6 juin : Napoléon Ier confie le trône d'Espagne à son frère aîné Joseph.
Siège de Saragosse.
1810 : guérilla généralisée dans toute l'Espagne. Grande famine à Madrid.
- 11 mars 1811 : Goya reçoit l'Ordre royal d'Espagne et prête serment de fidélité à Joseph Bonaparte.
- Conséquences fatales de la guerre sanglante en Espagne contre Bonaparte, 1810-20.
1 seul album complet au British M (82 planches) offert à son ami l’historien d’art Céan Bermudez, permet de connaître titres et agencement général de la série. Servi de modèle pour Ière édition en 1863.
Epreuves d’état données par Goya à ses amis.
Le travail sur la planche nécessite de prendre du recul ; travail de réflexion dicté par la nécessité impérieuse de témoigner.
1812 : le Parlement (cortes) adopte une nouvelle constitution libérale.
- 1812 mort de l'épouse de Goya. Goya. Il aura une autre compagne, Leocadia Weiss.
Victoire de Wellington et déroute des troupes françaises. Retour de Ferdinand VII à la fin de l'année 1813.
- Le 2 mai 1808 : la charge des Mamelouks, 1814, Prado
- Le 3 mai 1808 : l'exécution des défenseurs de Madrid, 1814, Prado

IV-ultimes désillusions et exil

Mai 1814 : le régime autoritaire de Ferdinand VII s'affirme. Il remet en service les tribunaux d'Inquisition.
- 1815 rapport de l'inquisition relatif aux majas, jugées obscènes.
- L'Assemblée de la compagnie royale des philippines, le plus grand tableau d'histoire de Goya. (musée de Castres).
- 1814, deux portraits de Ferdinand VII dont l'un, en manteau de sacre, Prado
- 1816 : annonce de la parution de la Tauromachie.
1819 : Premières lithographies.
Goya achète la maison qui deviendra " la maison du sourd ", près de Madrid.
- Grave maladie au cours de l’hiver 1819-1820.
1820-23 : le régime de Ferdinand VII rencontre de fortes oppositions qui seront vaincues en 1823 avec l'aide d'un corps expéditionnaire français.
- 2 mai 1824 : Goya demande un congé aux services de la Maison royale et part pour la France. S'installera à Bordeaux où il mourra le 16 avril 1828, âgé de 82 ans.

Picasso

Pablo PICASSO
(Malaga 1881- Vauvenargues 1973)

A noter : Picasso ne donnait pas de nom à ses tableaux en dehors de quelques exceptions. Il s’agissait souvent de noms d’atelier.

I - un parcours artistique

-1895 : académie des Beaux  Arts de Barcelone.
Science et charité, 1897 : la leçon de l'académisme à 15 ans. Œuvre  présentée à l'exposition des Beaux Arts à Madrid. Il entre à l'académie royale de San Fernando qu'il quitte rapidement.
- Juin 1901 expo chez Vollard, la plupart des toiles trouvèrent preneurs mais Vollard ne s'intéressa pas aux œuvres bleues et ne revint vers Picasso, sur les conseils d'Apollinaire, qu'en 1906…Automne 1909, atelier boulevard de Clichy.
- Il ne s'installe véritablement à Paris qu’en avril 1904. Il vivra jusqu'en 1909 au Bateau Lavoir.
- Début 1906 A. Vollard achète pour 2000 francs, l'Atelier de l'artiste.
Vollard achètera de nouveau l'Atelier durant été 1907 pour 2500 francs.
Picasso rencontre Max  Jacob, grande amitié jusqu'en 1921 puis liens plus distendus.

Automne 1901 - fin 1904 : Période bleue.

Habitude de travailler la nuit à la lumière des lampes à pétrole ; connaissance des bleus du Gréco.
Apollinaire : "L'espace d'une année, Picasso vécut cette peinture mouillée, bleue comme le fond  humide de l'abîme et du pitoyable"
- Janvier 1902 -avril 1904 : en Espagne.

Période rose : sa peinture sentimentale, selon Picasso.

Salon d’automne 1905 + fauves.
Fin 1906 - été 1907 : rétrospective Gauguin, salon d'Automne 1906 + découverte de l'art ibérique au Louvre fin 1905 = critique du Bonheur de Vivre de Matisse 1905-1906.
- Picasso travaille 9 mois aux demoiselles d'Avignon. Titre donné par André Salmon en  1916 lors de sa  présentation au Salon d'Automne, mais 1er titre = le bordel d'Avignon (" c'est là qu'aujourd'hui, il y a vraiment des femmes nues "), rue de Barcelone. 1923 : toile achetée par J.  Doucet et  à sa mort par la galerie Seligmann à  New York.
- 1907 : les Demoiselles - bras croisé derrière la tête < Bain turc d’Ingres.

Le Cubisme

Construction à posteriori, les œuvres  de Picasso sont très peu visibles (n'expose pas dans les salons) achats directs par les amateurs dont les époux Stein. Egalement par la galerie de Kahnweiler. Stock séquestré pendant la guerre. Donc encore moins visible.
Eté 1908 dialogue avec Braque, à distance, cubisme cézannien

1909-1912 cubisme analytique

Une palette limitée formes facettées, découpées géométriquement. Un espace pictural peu profond mais varié.
Kahnweiler marchand de Picasso à l'automne 1910 seulement (mais il l'a rencontré dans son atelier durant l'été 1907). L'épisode des séquestres (puis des ventes 1921-23) refroidit les relations entres les deux hommes qui reprendront vers 1927.
Relève prise en 1916 par Léonce et Paul Rosenberg dans leur galerie l'Effort Moderne.

1912 cubisme synthétique

Multiplication des couleurs et textures. Volumes plus importants. disposés à plat et non imbriqués comme précédemment. Importance du paysage, du collage même dans, 1912 : Nature morte à la chaise cannée

1918 : le retour à l'ordre. Le temps des réévaluations. Du mariage également.

Le rapt : contraste entre violence de l'action et palette douce, pastel, paisible. Hercule, Déjanire et Nessus ? :  temps immobilisé, surréalisme, cubisme curviligne, sculpture.

Le temps des désastres : 1937-1945 La pêche de nuit à Antibes 1939

Le Charnier  février-été 1945. En mai, Picasso ajouta la table + cruche et casserole. Le titre n'est pas de lui et détourne l'attention du sujet du tableau : une intrusion meurtrière dans une maison, père torturé, mère martyrisée. Toile mal accueillie par les camarades communistes de Picasso qui célébraient l'ivresse de la victoire. Toile vendue en 54.

Les dernières années : L'atelier et les conversations avec l'art

- 1950 Les demoiselles des bords de Seine d'après Courbet
- Velasquez Les Ménines : journal en 58 toiles d'une discussion  solitaire menée  du 17 août au 30 décembre 57.  Dernier étage de la Californie. Picasso est rentré dans l'atelier de Vélasquez, en a poussé les murs, s'est transformé en mousquetaire de l'art. Séquence donnée en 68 au musée Picasso de Barcelone en hommage à Jaime Sabartés.
Delacroix, les femmes d'Alger, version de 1834, Louvre. Décembre 54 dans l'atelier des Grands Augustins. Il travaille  pour exorciser la mort de Matisse.
Les déjeuners 1961-63. Rembrandt.

II - les autres Picasso

-Le sculpteur

( dès avant 1900 ) 1905 : Le Fou
- Construction  fil de fer et tubes  avec Julio Gonzalez, rencontré à Barcelone autour de 1900. Collaboration à partir de 1928, Picasso découvre, rue de Médéah, près Montparnasse, l'atelier plein d'un bric à brac de cet aîné qui devient sont praticien du métal. Idées d'assemblages et de soudure. Monument à Apollinaire.
Collaboration jusqu'en 1931, puis Picasso à Boisgeloup. Gonzalez prend son essor et mourra en 42, mort qui poussera Picasso à peindre  La nature morte à la tête de taureau.
Atelier de Boisgeloup, près de Gisors, avec MT. Une écurie convertie en atelier de sculpture
Tête de femme, (Marie-Thérèse ) 1932 : sculpture reproduite dans le 1er n° du Minotaure car appréciée par les surréalistes.<> Février 43 :   L'homme au mouton armature métallique, plâtre. Difficile à faire, Eluard aida à maintenir la sculpture. 3 tirages en bronze.
- Les assemblages : le Taureau
- Les œuvres pliées

-Le dessinateur

-Le concepteur de décors et de costumes

Mai 1917 : voyage à Rome : rideau de scène de Parade.
1919 Le tricorne.
1920 Pulcinella.
15 collaborations  jusqu'en 1962.
1922  reprise de l’Après-midi d’un faune + Nijinski.
1924 Le Train Bleu de Jean Cocteau.
60-62, travaille avec Lifar.

-Le graveur : 20000 planches gravées.

- eaux-fortes 1904 2e eau-forte, Le repas frugal.
Vollard rachète et édite en 1913, 18 gravures de 1904-05, Les Saltimbanques.
1927 : commande pour le Chef-d'œuvre inconnu 13 eaux-fortes.
La suite Vollard 1930-37 : 100 eaux-fortes dont 46 planches pour l’atelier du sculpteur
- lithographies : après 1945, cette technique prédomine dans son œuvre.
- linogravure à partir de 1959.

-L'affichiste:

La découverte de la litho dans l’atelier de l'imprimeur Fernand Mourlot, l'amène vers l'affiche. La 1ère étant celle du congrès de la paix, Paris 1949 + Colombe inspirée des pigeons blancs de Malaga et de ceux qu’il élevait.

-Picasso céramiste, modeleur:

4000 œuvres  en 20 ans.
1946 : découverte de l'atelier Madoura à Vallauris et rencontre avec Suzanne Ramié.
1948 : installation à Vallauris jusqu'en 1955.

III - Les femmes de Picasso.

- Fernande Olivier 1881-1966.  Liaison 1904-1912.
Plus de 60 portraits pendant le printemps l’automne et l’hiver 1909. Horta de ebro, village des Pyrénées.
Plâtre 1909 (bronze exécuté en 1932) en volume, marque la fin de la série. Une telle concentration sur un seul sujet  est inédite.
L'invention du cubisme. Le modèle, la réalité support de la transformation.
Processus documenté par photo pendant l'été pour travail dans l'atelier à Paris.
- Olga Khokhlova 1891-1954, née en Ukraine.
1917, elle appartient aux ballets russes de Diaghilev, rencontre Picasso qui vient au printemps à Rome pour faire le rideau de scène de Parade.
12 juillet 1918 : mariage rue Daru, avec Cocteau et Max Jacob comme témoins
1919  ballet : le Tricorne, décor et costumes de Picasso
1927 commence liaison + Marie-Thérèse Walter. Olga le quitte en 1935 quand elle apprend que la jeune femme est enceinte.
- Marie-Thérèse Walter 1909-1977  janvier 1927- relations distendues après 44.
- Dora Maar 1907-1997 fille d'un architecte croate et d'une française. Enfance en Argentine.
Rencontrée fin 1935-début 36 à St Germain. Photographe (documente Guernica) et peintre grâce à la proximité plus Picasso.
- Françoise Gilot , rencontrée en 1943, dans un restaurant de St Germain, la jeune artiste sera sa compagne jusqu'en 1953.
- Geneviève Laporte :  liaison 51-53.
- Jacqueline Roque 1927-1986 rencontrée dans l'atelier des Ramié (cousine de Mme Ramié) à Vallauris, fin 1953. Mariage en mars 1961.

Dali

Salvador DALI
(1904-1989)

Pour aborder Dali et son œuvre ( artistique et humaine), il convient de lire ses " mémoires " :
La vie Secrète (1904-1941), publié en 1942
Journal d'un Génie (1952-1963), publié en1964.

1904-1928 : les débuts mémorables d'un peintre Catalan

Ramon Pichot, un ami peintre, convaincra le père de Dali de le laisser suivre les cours de Juan Nunez, à l'école de dessin de Figueras
- 1918 : exposition de ses premières toiles au théâtre municipal de Figueras

La voie académique et ses limites : L'académie de San Fernando

octobre 1921 - expulsion en 1923 qui sera définitive en octobre1926. A Madrid, rencontre Bunuel et Lorca (été 1925 à Cadaquès).
- 1er séjour à Paris, au début de l'année 1927, accompagné de sa sœur et d'une tante. Avant d'aller au Louvre, il se rend dans l'atelier de Picasso, rue de la Boétie.
C'est Miro, interpellé par le talent de Dali qui convaincra son père de laisser l'artiste partir à Paris.
"Je suis absolument convaincu que l'avenir de votre fils sera éclatant".

1929-34 : La voie surréaliste et paranoïaque critique

1924 : 1er manifeste du Surréalisme. Breton définit le surréalisme comme "un automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée".
- Janvier 1933 : constitution du cercle du Zodiaque (sur une idée de Gala) : des collectionneurs s'engagent à acquérir chaque mois 1 œuvre de Dali, selon tirage au sort.
- La paranoïaque critique ou la conquête de l’irrationnel (titre d’un essai publié en 1935).
- L'énigme de Guillaume Tell, 1933. - Le Mythe tragique de l'Angelus de Millet, fut écrit entre 1933 et 1935, mais publié seulement en 1963, Dali appliquait son procédé d'interprétation paranoïaque-critique au tableau de Millet.

L'affaire Dali : le jugement surréaliste du 5 février 1934

- Espagne, 1938, Rotterdam, Museum Boymans van Beuningen.

1940-48 Les années américaines d'Avida Dollars

- 1940 : Marché d'esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire, coll. Morse.
- 1941 : exposition personnelle à la galerie Julien Levy.
Rétrospective au Moma
- Nombreuses propositions commerciales :
Bijoux pour le duc Dulco de Verdura joaillier et designer de bijoux (collabore avec Chanel in 1930's),
Décors pour la scène et le cinéma (La maison du Docteur Edwards, 1945),
Décor de l'appartement d'Helena Rubinstein (3 panneaux pour la salle à manger matin midi soir)
- 1943 : 1ers achats des Reynolds Morse, couple de collectionneurs américains. Collection accueillie en 1971 au musée de Cleveland, puis fondation du Salvador Dali Museum à St Petersbourg, en Floride, en 1982
- 1946 : La Tentation de St-Antoine, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux Arts de Belgique.

Devenir classique - La voie mystique

- 1948 : publication de : 50 secrets magiques pour peindre.
Après sa visite à Rome en 1950 et sa rencontre avec le pape Pie XII, Dali explore l'iconographie de la Renaissance avec ses thèmes religieux catholiques. Ne possédant pas la foi mais tout le mysticisme espagnol, il oriente sa peinture vers des thèmes célestes et sacrés, avec, comme toujours, Gala comme personnage central.
Toutes ces œuvres sont basées sur des rapports mathématiques rigoureux et des thèmes rappelant le sacré. Dali fait la synthèse entre mystique nucléaire et classicisme et en énonce les grands principes dans le " Manifeste mystique " publié en 1951. Il veut peindre notre époque avec les recettes des grands maîtres du passé.
- 1968-70 Le Toréro hallucinogène (environ 4m sur 3) collection Morse.
- 1974 : ouverture du Théâtre-musée Dali à Figueres.

- 1983 : Dernière toile : La queue d'aronde.